dimanche 6 janvier 2013

Baptême

Une personne, fort estimable, écrivait dans un réseau social qu’il « n'est pas juste d'imposer à l'enfant des modèles à consonance RELIGIEUSE (catéchisme...) avant même qu'il ait pu trouver sa voie ». Qu’elle me permette de lui soumettre ici mon avis, les réseaux sociaux ne se prêtant guère à des analyses de fond. 
Par qui donc voudrions-nous que soient instruits nos enfants, si ce n'est par leurs parents ? Par la télé qui en fera dès l'enfance des drogués de pub et de niaiseries, des cerveaux lavés puis bourrés de pensée unique, des bataillons d'électeurs dociles ? Par le parti, comme l'a dit un jour un truculent socialiste ? Par les loges maçonniques secrètes qui noyautent déjà tout le pouvoir politique actuel ? 
Je ne sache pas que baptiser un enfant avec un peu d'eau, même bénite, soit une atteinte indélébile à son intégrité physique, cérébrale ou spirituelle. Lui verser sur le front quelques gouttes de cette eau ne constitue pas un acte de magie noire entachant à jamais sa peau délicate. Et les contorsions de possédés des libres-penseurs allemands qui voulaient récemment se faire “débaptiser“ sont du plus haut ridicule.
Alors, à quoi sert le baptême, demanderez-vous ? Il en est du baptême comme de l’Eucharistie et des autres sacrements, ils n’ont de dimension divine que dans le consentement mutuel, mais dès lors, oui, ils touchent vraiment à la dimension de Dieu. Baptiser son enfant, ce n’est donc pas lui imposer quoi que ce soit, mais lui offrir la clé avec laquelle, s’agissant du baptême catholique, il ouvrira les portes de la spiritualité chrétienne, quand il voudra, et s’il le veut.
Pour autant, l’Église catholique n’est pas un libre service. On ne se présente pas à table sans s’être lavé les mains. On n’entre pas dans l’Église du Christ sans un minimum de préparation spirituelle. Qui peut la donner aux enfants des hommes, qui ne savent pas, comme les oiseaux, voler dès le premier saut hors du nid, sinon leurs parents ? Nous voilà revenus au paragraphe initial. 
Reste le problème du catéchisme. Je suis assez informé, par les rencontres que me permettent les dédicaces de mes livres et conférences diverses, du besoin ressenti par beaucoup de gens, de repères spirituels dans un monde tout matérialiste qui ne satisfait plus leur nature profonde, qui les laisse au bord de la route du progrès de l’esprit. Toutes ces lecteurs me disent avoir découvert une autre approche de ce qu’ils cherchent, une autre ouverture que celle du discours convenu des dames catéchistes, même si celles-ci sont souvent admirables de dévouement. Les enfants d'aujourd'hui sont, à douze ans, chez eux sur Internet comme dans la cour de leur école. Ils en savent plus que leurs parents sur l'accélérateur de particules ou la conquête de Mars. Alors, leur expliquer le message du Christ comme jadis, aux petits paysans qu'étaient nos grands-parents est peut-être un peu décalé. Pourquoi les églises du père Zanotti-Zorkine à Marseille et de quelques autres sont-elles pleines ? Parce que ceux-là savent parler de Dieu. Pourquoi tant de gens se tournent-ils vers les philosophies orientales à la mode, sinon pour regarder le ciel ?

3 commentaires:

solveig a dit…

Tout d'abord, je tiens à préciser que mon commentaire relatif aux modèles religieux est un parallèle avec le commentaire laissé par une internaute sur un blog social. Sorti de son contexte, son sens n'est plus le même !!!
De même que Lynn trouvait scandaleux d'imposer à des enfants "un modèle à consonance sexuelle avant même qu'il ait pu trouver sa voix", je trouve scandaleux de vouloir imposer une religion à un enfant avant qu'il ne soit en âge de comprendre et décider par lui même !
Il me semble que l'église n'est pas forcément un modèle en matière d'éducation. La largesse d'esprit, la solidarité, l'humanité, le partage et le respect des enfants ne sont pas ses qualités premières.
Il n'y a qu'à regarder la position de l'église pendant la guerre : combien d'entre eux ont-ils pris position en faveur de la résistance ? Peu, par rapport au nombre de ceux qui se sont "couchés" devant l'ennemi. Fermer les yeux pour conserver sa paix...
Que dire des scandales des prêtres pédophiles... voilà une bien curieuse façon d'éduquer les enfants...!!! Là encore, il est plus facile de fermer les yeux.
En matière de solidarité, le jour où l'église partagera toutes ses richesses avec les plus démunis, le jour où toutes les églises accueilleront des sans-abris, des sans-papiers, vous pourrez peut-être me donner des leçons d'humanisme.
Quant aux églises du père Zanotti-Zorkine, je ne vois pas ce qui m'empêche de les comparer aux "loges maçonniques secrètes qui noyautent déjà tout le pouvoir politique actuel" ? Chacun y prêche SA vérité !!!
Il me semble qu'il serait tout à l'honneur de l'église de savoir évoluer avec son temps et de ne pas continuer à prôner des idées complètement rétrogrades !

Bernard Huet a dit…

Je remercie l'auteur du précédent commentaire. Il illustre, s'il en était besoin, l'incommunicabilité de deux mondes…

Bernard Huet a dit…

Une erreur matérielle m’a fait rejeter le commentaire de “ solveig “ qui me renvoyait à une publication de Michel Serres dans La Croix :
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Michel-Serres-L-adoption-est-la-bonne-nouvelle-de-l-evangile-_NG_-2012-10-10-863028
J’en retiens un paragraphe :
« Ce que l’église peut apporter au monde aujourd’hui, c’est le modèle de la Sainte Famille. Ce modèle se trouve dans l’Évangile de saint Luc. On y lit que le père n’est pas le père – puisqu’il est le père adoptif, il n’est pas le père naturel –, le fils n’est pas le fils – il n’est pas le fils naturel. Quant à la mère, forcément, on ne peut pas faire qu’elle ne soit pas la mère naturelle, mais on y ajoute quelque chose qui est décisif, c’est qu’elle est vierge. Par conséquent, la Sainte Famille est une famille qui rompt complètement avec toutes les généalogies antiques, en ce qu’elle est fondée sur l’adoption, c’est-à-dire sur le choix par amour. »
Cher correspondant, ce que ce philosophe oublie, qui me semble tout de même ne pas être accessoire, c’est que le fils dont il parle si savamment, était Dieu ! Oh ! Bien sûr, nul n’est obligé d’adhérer à cette foi, mais c’est mieux pour en parler. Si l’on considère que le Christ n’était pas “aussi“ Dieu, alors, d’une part on n’est pas chrétien — ce qui en soi reste parfaitement honorable —, mais, en effet et d’autre part, plus rien n’a de sens, la sainte Famille, l’Immaculée Conception de Marie, son enfantement virginal, la résurrection de Jésus et son Ascension, l’Assomption de la Vierge Marie. Lire les Écritures en s’affranchissant cette vérité première conduit en effet à ces interprétations cocasses dont vous faites état.