mercredi 5 juin 2013

Chaque seconde, une messe…


Le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine utilise une formule-choc dans cette admirable homélie qu’il consacre au sacrement de l’Eucharistie : « chaque seconde, quelque part dans le monde, une messe est dite » ! J’ajouterai qu’il n’y a même pas assez de secondes dans chaque journée, pour les 277 000 prêtres du monde.
Chaque seconde donc, pour reprendre la formule, un prêtre célèbre l’Eucharistie, c’est-à-dire le sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ présent sous les espèces du pain et du vin.  Alors, de deux choses l’une : ou bien l’on est totalement fermé au vertigineux mystère christique, et alors, cette information donne au moins la mesure de l’universalité de l’Église catholique ; ou bien l’on est pleinement doté de la foi chrétienne, et alors on chancelle sous l’immensité de cette révélation : toutes les secondes, Dieu pénètre dans sa création ! 
Car la religion du Christ n’est pas une philosophie de vie à laquelle on souscrirait, comme l’on milite au sein d’un parti politique. L’Église du Christ n’est pas une ONG à laquelle on apporterait son obole pour qu’elle répande le bien dans le monde. La messe n’est pas une célébration initiatique où l’on viendrait une fois par semaine, le plus près possible de l’autel, recevoir les bénéfices d’une bénédiction ésotérique. La sainte Hostie n’est pas un cachet que l’on absorberait pour se protéger du diable.
La messe est un Saint Sacrifice. Elle renouvelle à chaque fois, en vrai, la mort du Christ, puis sa résurrection en chacun d’entre nous. Et ce miracle inouï se reproduit toutes les secondes…
Hélas ! Sous couvert d’une réforme conciliaire mal comprise, ou volontairement détournée de sa pensée constituante, la vérité profonde des rites jusqu’alors pratiqués lors des offices catholiques a souvent été oubliée, et la puissance de la contemplation qui en émanait, anéantie. Un succédané de protestantisme mâtiné de club de rencontre l’a parfois remplacé, voie royale vers le puritanisme le plus superficiel. Où est Dieu dans tout cela ? Ce Dieu qui nous ouvrait les bras, dès le seuil du sanctuaire franchi. Ce Dieu qui nous arrachait au quotidien de la vie, dans la violence des chœurs et des orgues ; qui nous ouvrait, béante, la porte du monde de l’amour. Où est-Il ce fils crucifié, ce Dieu un instant fait homme, cet homme totalement Dieu, dont la présence vraie emplissait nos âmes ? Qui ressent encore sa présence brûlante dans l’hostie ? Qui a conscience qu’à l’instant de l’Eucharistie, le prêtre, représentant désigné du Christ, acquiert le pouvoir inouï d’emplir nos âmes de sa présence vraie ? Qui vit vraiment cet instant préservé, merveilleux, sacré, lors duquel éclate en chacun l’éblouissante vérité des deux mystères de la foi : l’incarnation, irruption vraie de Dieu dans sa création, et la résurrection, présence désormais éternelle du Christ au cœur des âmes ?
Alors, non, devant pareille charge spirituelle on ne s’ennuyait pas à la messe ! Et, si l’on veut que, de nouveau, les églises se remplissent, non pas de touristes du dimanche en quête de rencontres, mais de fidèles, de croyants, de pratiquants, alors il faut y replacer Dieu pour qui rien n’est trop beau, ni le cérémonial, ni la majesté du lieu, ni la profondeur du prêche ; ni surtout, l’état de grâce de chacun pour Le recevoir, pour “communier“, au sens propre.

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