vendredi 24 octobre 2014

Fin de vie


En 1997, associé à un ami médecin gérant d’unités de soins aux personnes âgées et à un spécialiste des financements, je présentais aux autorités de tutelle locales et régionales un projet de création, en Indre et Loire, d’une structure hospitalière privée de 55 lits de soins palliatifs et de longue durée.
Le dossier exposait ainsi les motivations :
« 70 % de Français meurent aujourd’hui dans les services hospitaliers, alors qu’il y a 30 ans, la même proportion décédait à domicile. Notre environnement collectif a peu à peu exclu du milieu familial et social l’accompagnement des personnes en fin de vie. L’isolement, l’état de dépendance, l’angoisse du malade justifient d’y porter remède. Si la loi de réforme hospitalière du 31/07/91 introduit la notion de “soins palliatifs”, les réalisations demeurent inégales et insuffisantes, laissant des régions entières sans solution satisfaisante pour assurer ces soins. Une étude menée dans un département voisin a montré que seulement 5 % des patients décédés avaient pu bénéficier de soins palliatifs satisfaisants. »
Il détaillait ainsi les emplois créés :
« 60 salariés dont 4 médecins, 15 infirmières diplômées, 13 aides soignantes, 2 kinési, pharmacien, psychologue, diététicien, ergothérapeute, assistante sociale, direction et personnel administratif et hôtelier. »
Deux ans d’échecs successifs devant les administrations compétentes nous conduisirent à l’abandon du projet. Parmi les arguments invoqués, celui-ci : le “privé“ veut faire de l’argent sur la fin de vie ! Et celui-ci : le centre hospitalier est en train de “réfléchir“ au problème. 
Je lis aujourd’hui dans la presse (Le Figaro 24/10/2014) :
« Le président du CCNE  a dressé un constat très noir de la fin de vie en France et dénoncé un “scandale“ du manque d’accès aux soins palliatifs. “80 % des personnes qui devraient y avoir accès n’y ont pas droit“, a-t-il relevé. L’accompagnement des personnes âgées en amont de la fin de vie est particulièrement “défectueux“, avec la mort de 13 000 personnes de plus de 75 ans chaque année aux urgences. Ces soins palliatifs ne devraient pas être réservés aux dernières semaines de vie, mais être mis en œuvre plus tôt, insiste le Comité qui réclame leur développement. »
Il aura fallu dix-sept ans pour “réfléchir“ et en arriver là !

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